Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dom za vesanje
5 juin 2008

Un peu de tendresse, bordel !

amalric

Entre sa naissance et sa mort, cet enfant n’a fait que mourir.

Arnaud Desplechin, je t’aime, je te hais.

Cet homme a l’art de filmer le drame et l’implosion du noyau familial, les secrets et les tensions régnant au sein d’un groupe social, que dis-je, d’une cellule, avec une infinie justesse, souvent déconcertante.

Je vous parlais déjà dans mon précédant blog (Dieu ait son âme, qu’il lâche la mienne), de Rois et Reine, et mon amour, ma dévotion la plus totale pour Mathieu Amalric, au summum de son art (c’était avant le Scaphandre et le Papillon).

Petite piqûre de rappel :

Bien sûr, on aime Desplechin ou on le hait tout bonnement, bien sûr, on serait tentés de dire qu’il fait toujours les mêmes films, parce que toujours les mêmes acteurs (Mathieu Amalric donc, Emmanuelle Devos, Catherine Deneuve, Hippolyte Girardot, …), et les mêmes thèmes qui reviennent sur fond d’éclatement familial (le deuil, la folie, la maladie), bien sûr, c’est souvent la même mise en scène (la lettre, les face caméra, la narration par un personnage, une caméra furtive), oui, bien sûr.

Mais il a ce savoir, ce talent de nous faire vivre ces scènes-là, de faire exister ses personnages, de les rendre douloureusement, follement humains. Les repas de famille d’Un Conte de Noël, nous y sommes conviés, Elisabeth pourrait être une tante dépressive, et Henri un cousin excentrique, quant à Paul, Paul… Personne ne préfère aborder le sujet.

La caméra nous déstabilise par sa non-linéarité, ses mouvements un peu brusques parfois, et ses zooms qui n’en finissent plus sur le visage de Mathieu Amalric, lisant sa lettre à la sœur qui l’a banni, en écho à celle que lisait Maurice Garrel à sa fille tant haïe dans Rois et Reine, sur fond d’un décor sombre et inquiétant, comme le drame qui se prépare.

Sans_titre

Pourquoi Elisabeth déteste-t-elle son frère au point de la bannir de sa vie ? Et pourquoi est-elle si triste, toujours, et de qui fait-elle le deuil ? Pourquoi Junon, mère glaciale et implacable, n’a-t-elle jamais aimé ce fils ? Paul est-il réellement devenu fou, ou bien est-ce la mélancolie de sa mère qui le tue à petit feu ? Et finalement, pourquoi personne n’a jugé bon de dire à Henri qu’il n’est venu au monde que pour sauver son frère, et que même dans cette tâche, il a échoué ?

Une tragédie grecque sur un fond d’air endimanché des grands jours enneigés.

Ca semble trop facile.

Desplechin, je t’aime je te hais.

________________________________________________________________________

Et puis, il y a des rencontres heureuses, des dénouements rédempteurs, un sourire, un regard, des souvenirs qui affluent au portillon de la mémoire, et pas seulement les mauvais, l’attente d’un lendemain moins noir que la veille.

Bon sang, un peu de tendresse, est-ce trop demander ? Merde !

Et puis Woodstock, et puis Desproges, et puis Dali, et puis sous la plage, le pétrole, et puis Jules et Jim

1002_Cinema_Paradiso
Je suis né trop tard dans un monde trop vieux.

Publicité
Publicité
Commentaires
Dom za vesanje
Publicité
Archives
Dom za vesanje
Derniers commentaires
Publicité